La durée d'une psychothérapie dépend de nombreuses variables.
Une variable technique.
Le praticien travaille avec des « outils » constamment remis sur le métier et actualisés. Si la pratique et les méthodes évoluent, aucun « psy » n’a encore inventé la méthode miraculeuse ou n’a mis au point une technique « chirurgicale » pour extirper la souffrance psychique. Pas de remède ou d’incantation, le patient s’engage dans un travail difficile et plus ou moins long. Les psychothérapies actuelles ne peuvent comprimer le temps nécessaire pour que le patient puisse advenir sujet libre et pleinement responsable de sa vie.
Une variable éthique.
La limitation à la toute puissance du praticien recèle un côté rassurant; l’humilité qui anime l’analyste l’éloigne de la science fiction où des scientifiques peu scrupuleux interviennent selon leur bon gré sur les pensées et les esprits soumis et amorphes des sujets sous contrôle. Le travail du praticien ne se borne pas, dans un souci de rapidité et d'efficacité, à formuler une sorte de diagnostic (vous avez ceci) suivi de prescriptions (voilà ce que vous devez faire). De tels procédés sont tout simplement inopérants, brutaux et sans la moindre justification. Il importe de respecter la parole du patient, son mode de pensée et son propre rythme. Le respect de la liberté individuelle exige d'avancer lentement et prudemment dans les processus de changement auxquels le sujet ne manque pas d’être confronté au cours de sa thérapie.
Une variable théorique.
La théorie sur laquelle le praticien appuie sa pratique constitue une variable cruciale quant à la conception et à la durée de la thérapie. Certaines approches théoriques mettent en avant la rapidité et l'efficacité à court terme : les approches cognitives ou comportementales ont démontré leur efficacité dans le traitement de certaines pathologies (phobies, stress, anxiété, sevrages,...). Ces approches reposent principalement sur l'identification d'une difficulté spécifique et la recherche de son éradication rapide. La durée de l'intervention se trouve ainsi limitée. On évoque parfois les termes de « thérapies brèves » (tout est relatif néanmoins).
D’autres approches théoriques dites psychanalytiques ou psycho-dynamiques s’intéressent davantage au processus analytique et la durée et le nombre des séances ne peuvent être déterminés ; la profondeur, l’étiologie des « causes », le finalisme de nos comportements sont explorés.
Ces différentes approches possèdent des points forts et des points faibles et ce serait pure vanité que de vouloir démontrer la supériorité d’une seule. Simplement, selon les bases théoriques sous-jacentes du praticien, le rapport au temps sera différent.
Une variable individuelle.
D'importantes différences individuelles de rythme dans le travail psychologique existent. Certaines personnes progressent à un rythme moins rapide, travaillent plus en profondeur, questionnement le sens profond de leur vie. D'autres souhaitent progresser rapidement et ciblent un problème précis.
En définitive, le praticien ne pourra déterminer avec précision la durée d’une thérapie et le patient qui s’engage sur ce chemin doit garder à l’esprit qu’il emprunte une route plus ou moins longue, mais qu’il en possède la carte et qu’il peut naturellement décider de s’arrêter à l’étape de son choix.